On vient de son enfance comme on vient d'un pays

Je suis née un soir de septembre à Bruxelles, j'ai partagé mon enfance entre les hauts plafonds d'une maison bruxelloise et les cabanes dans mon jardin à la campagne.

Je chéris mon enfance et j'en suis nostalgique. C'est ce qui m'a conduit à la photo de famille.

Quand j'avais sept ans, je regardais mes bottines se balancer sous ma chaise dans un couloir du troisième étage de l'académie où j'attendais mon cours de solfège. Il y avait sur la chaise d'à côté un catalogue de meubles suédois que je me suis mise à feuilleter.

Plein d'images qui mettaient en scène des moments de vie du quotidien de familles, et dans lesquels je me suis amusée à donner un prénom à chaque personne que je voyais, à inventer des histoires au sujet de leur emploi du temps et de leur personnalités. C'est devenu mon jeu préféré. Les magazines de maisons de ma maman y passaient aussi et j'ai en tête une illustration à l'aquarelle d'un immeuble de centre-ville avec plein de fenêtres et tout autant d'histoires à inventer.

Ce qui me plaisait dans ces images c'était d'être le témoin de scènes de vie agréables, légères, confortables. Qui laissaient mon imagination courir dans tous les sens, et évoquaient mes propres souvenirs

Je suis devenue maman, et j'aime toujours autant raconter des histoires

L'envie de photographier pour documenter le quotidien de notre famille a grandi avec l'arrivée de mes garçons.

Quand mon premier enfant est né, je me souviens avoir été émue de me rendre compte de l'amour que mes parents avaient eu pour moi au même moment - preuve à l'appui, mon papa était photographe et nous avons toujours ma soeur et moi les tirages argentiques qui témoignaient de notre amour, et de nos tous les jours.

Quand je parle de patrimoine familial ce n'est pas un hasard. Pouvoir garder des traces de nos souvenirs heureux, tendres, légers et candides de notre enfance est tellement précieux.

Je vois son visage d'enfant et il me fait voyager à travers le temps. Parce que je le revois lui, quand il avait neuf mois.

Je revois le mien aussi, de visage, à l'époque où j'avais son âge. Il me rappelle aussi celui de son papa.

Parce que j'ai l'impression d'y percevoir ses traits futurs aussi, son espièglerie d'adolescent et ses sourires doux d'adultes.

N'est-ce pas là tout le pouvoir de la photographie, nous permettre de voyager dans le temps...

et me voilà donc, à raconter vos histoires

Je choisis ce métier parce qu'il est en symbiose avec qui je suis. Parce qu'il m'émeut et me prend aux tripes.

Parce qu'il m'amuse et me permet de rencontrer des âmes semblables à la mienne.

Pour retenir des instants volatiles, vivants, légers, confortables, élégants et intemporels.

Et pouvoir les transmettre à travers les âges.

Pour témoigner, au fil du temps, ce qui compose votre présent.

Pour être, avec vous, une gardienne protectrice de la mémoire.

"Je trouve l'inspiration dans vos gestes, dans la lumière, l'architecture, les textures brutes et les matières douces"

"J'aime les vieux prénoms, le café, le rire des enfants, les fleurs, les jolies vieilles choses, les Converse, la musique, les soirées entre amis, le pain perdu, les moulures, les planchers qui grincent, le feu qui crépite, les carreaux de ciment"

"Mon dessert préféré est le Paris-Brest. Mon mari est mon âme-soeur et nous sommes persuadés de nous être déjà aimés dans une autre vie. J'aime toutes les saisons, mais encore plus quand elles sont finies. Et en 2022 il se pourrait bien que je prenne un vieux boîtier argentique en renfort pour mes séances"